lundi 15 juin 2015



Abstraction Libre



Joris Brantuas = Abstraction libre

Abstraction libre = Joris Brantuas

J’ai eu l’idée de ce qualificatif pour définir ma peinture durant l’été 2014. 
Je dépose « abstraction libre » le 20 décembre 2014.

Abstraction libre définit uniquement et seulement ma peinture selon la définition donnée dans ce texte rédigé en avril 2015.





Première partie. 


. L’abstraction libre est la peinture la plus naturelle et la plus universelle. C’est celle qu’un enfant produit la première fois qu’il peint avant même qu’il ait conscience de peindre. L’abstraction libre est juste  la continuité, la prise de conscience et le développement de cette première expérience que nous avons tous eue la première fois que nous avons dessiné et /ou peint.


. L’abstraction libre se revendique principalement dans la continuité des expériences de Robert Malaval.

. Peindre est une énergie vitale.

. Le tout c’est de le dire, le tout c’est de le peindre.











Deuxième Partie



. L’abstraction libre est libre.

. L’abstraction libre est la peinture d’aujourd’hui.

. L’abstraction libre naît du désir.

. L’abstraction libre est évidente.

. L’abstraction libre est envoûtante.

. L’abstraction libre n’est pas dans la retenue mais dans l’excès.

. L’abstraction libre n’est pas lyrique.

. L’abstraction libre est dans la certitude de son doute.

. L’abstraction libre est fondamentalement optimiste.

. L’abstraction libre considère le ridicule comme une force.

.  L’abstraction libre considère toute faiblesse comme une force.

. L’abstraction libre est une forme de célébration de la vie.

. L’abstraction libre est pour le silence.

. L’abstraction libre est parfois, pour une sage cacophonie silencieuse.

. L’abstraction libre est méditative.

. L’abstraction libre est cohérente et/ou incohérente.

. L’abstraction libre est pour le pourrissement.

. L’abstraction libre peut être politique malgré elle, de fait, par nature, sans le vouloir.

. L’abstraction libre aime et joue avec la lumière qui la révèle.

. L’abstraction libre est pour l’épanouissement des formes, des couleurs.

. L’abstraction libre est pour l’épanouissement de chacun.

. L’abstraction libre coule de source.

. L’abstraction libre joue des situations.

. L’abstraction libre aime l’espace.

. L’abstraction libre est désinvolte.

. L’abstraction libre n’est pas démonstrative, ne cherche pas à se définir.

. L’abstraction libre peut être archaïque et/ou sophistiquée.

. L’abstraction libre ne défend qu’elle-même.

. L’abstraction libre peut être savante, intellectuelle, référencée mais aussi populaire, stupide ou absurde.

. L’abstraction libre correspond au monde actuel.

. L’abstraction libre ne se repose pas sur un savoir-faire.

. L’abstraction libre se veut directement disponible pour le public.

. L’abstraction libre engage le corps du peintre.

. L’abstraction libre engage le corps du regardeur.

. L’abstraction libre dit ce qu’elle veut sur ce qu’elle veut, ou ne peut rien dire.

. L’abstraction libre se veut au contact de la vie quotidienne, de la rue.

. L’abstraction libre est contre les discours, pour les actes.

. L’abstraction libre considère une peinture, une exposition, une performance comme un acte.

. L’abstraction libre considère les erreurs comme des réussites.

. L’abstraction libre n’a pas de but, ne se dirige vers aucun but.

. L’abstraction libre considère l’approximatif au même niveau que le précis.

. L’abstraction libre considère le net au même niveau que le flou.

. L’abstraction libre n’est pas à la recherche d’une vérité en art.

. L’abstraction libre est pour une complémentarité dans la diversité.

. L’abstraction libre ne cherche pas particulièrement à flatter le regard.

. L’abstraction libre ne cherche pas à être audacieuse.

. L’abstraction libre ne cherche pas à être conformiste ou anticonformiste.

. L’abstraction libre est très changeante selon la façon dont elle est abordée.

. L’abstraction libre est concentrée, ou en expansion.

. L’abstraction libre est fructueuse.

. L’abstraction libre ouvre des possibilités.

. L’abstraction libre échappe à toute explication tout en étant banalement simple.

. L’abstraction libre ne donne pas de réponse.

. L’abstraction libre dit tout et son contraire.

. Rien n’est fini car tout continue.







Troisième partie.


3.1 - L’abstraction libre et l’atelier :



. L’abstraction libre est le résultat non d’un geste mais d’une énergie.

. Peindre est un rapport au monde.

. L’abstraction libre associe peinture et performance à la fois dans l’acte de peindre, dans la continuité du travail de Jackson Pollock ainsi que dans l’élaboration d’exposition.

. L’abstraction libre est un jaillissement proche de mes performances « Champagne shower » visibles sur YouTube



. L’atelier est la base du  travail plastique. Je suis pour la profusion lorsque je peins.

 . Pour l’abstraction libre peindre est une expérience vitale. Peindre est une expérience du vivant.

. Les ateliers sont les plus beaux endroits du monde. Ils définissent un espace ouvert. Les ateliers sont des salles de jeux pour adulte, où le monde est réinventé ou complété.

. Les surfaces peintes des tableaux sont simplement le résultat des différents mouvements de mon corps, ici et maintenant, à l’atelier. C’est le résultat d’un acte, celui de peindre. C’est l’affirmation de mon corps, vivant, en mouvement dans l’espace de l’atelier. C’est le résultat d’un moment passé à l’atelier qui se caractérise par une énergie spécifique, correspondant à un état d’esprit. Un tableau est la présentation de ce moment et uniquement la présentation de ce moment.

. Pour l’abstraction libre l’acte de peindre est l’acte de peindre.

. Ce que l’abstraction libre donne à voir c’est l’abstraction libre.



3.2 - L’abstraction libre et le temps qui passe :


Je fais des tableaux sachant qu’un jour ils se dégraderont et disparaitront, à l’image de mon corps qui vieillit et disparaitra. Dans 10000 ans, la Joconde existera-t-elle toujours? Je peins ces tableaux pour qu’ils prennent en charge et intègrent leur lente dégradation. L’abstraction libre ne croit pas à son éternité, et ne croit pas à l’éternité en art.


3.3 - L’abstraction Libre et l’exposition :


. L’abstraction libre est proche de chaque personne dans ses préoccupations quotidiennes.

. L’abstraction libre utilise la performance comme une façon d’exposer sous la dénomination : « performance-exposition »

. L’abstraction libre envisage l’exposition au-delà du white cube.

. L’abstraction libre utilise la performance pour s’exposer dans l’espace public.

. L’abstraction libre engage le corps du regardeur car il se déplace devant la peinture pour la percevoir entièrement.

. L’abstraction libre n’est pas une esthétique mais un état d’esprit, une attitude.

. L’abstraction libre revendique l’art pour tous et agit en ce sens en allant à la rencontre des citoyens, au cœur de la cité, dans l’espace public.

. L’abstraction libre peut être présentée sur un mur, dans un espace d’exposition ou ailleurs.



Trois exemples de performance-exposition que j’ai réalisés visibles sur YouTube :

1 - « Catwalk » réalisée en 2012 à Avignon, Nîmes et Montpellier au cœur des centres villes, les halles, aux heures de grande affluence, le dimanche matin. Cette performance-exposition consiste en une déambulation dans les allées, de plusieurs personnes avec un tableau autour du cou comme un collier.

2 - « Quand la peinture de salon descend dans la rue » réalisée à Avignon, Nîmes dans les centres villes. Cette performance-exposition consiste en une déambulation d’une peinture de grand format sur un caddy de marchand de matériaux. Habituellement le tableau est accroché sur le mur d’exposition. Ici c’est l’architecture entière de la ville qui devient le mur d’exposition. Habituellement le regardeur se déplace dans l’exposition. Ici le tableau se déplace et va à la rencontre du regardeur.

3 - « L’abstraction libre pour tous » réalisée à Nîmes. Dans cette performance-exposition les tableaux, d’un format intermédiaire, sont fixés sur des mâts comme des pancartes. Plusieurs personnes, chacune avec une peinture sur un mat, défile dans les rues tout en répétant le slogan « L’abstraction libre pour tous ».


Cinq exemples d’accrochage pour l’abstraction libre :

1 - « Exposition dans un paysage» en opposition  aux expositions dans des espaces dédiés aux expositions, au traditionnel white cube. Ce type d’accrochage se calque sur les expériences de diffusion musicale des free-party avec la naissance de la techno. Il consiste à disposer des tableaux dans des buissons, dans des arbres, dans une forêt, dans la garrigue, sur une plage, dans un paysage. Le mur d’exposition devient le paysage tout entier. (Voir sur YouTube « exposition dans un paysage »).

2 - « Mât dressé » : un mât pouvant aller jusqu’à 8 mètres de haut dressé au milieu d’un espace donné. Les peintures y sont accrochées autour (voir sur YouTube mât dressé).

3 – « Mât posé » : même procédé que le mât dressé sauf que dans ce cas le mât est posé contre la façade d’un immeuble (voir sur YouTube « mât posé »).

4 - « Exposition autour d’un arbre » : les tableaux sont accrochés autour d’un tronc d’arbre dans un jardin public (voir sur YouTube « exposition autour d’un arbre »).

5 - Accrochage dit « atchoum » : dans un espace d’exposition, les peintures sont accrochées rapidement, aléatoirement sur l’ensemble des murs. Les peintures sont presque jetées sur les murs. C’est un accrochage en forme de constellation.

. L’abstraction libre agit sur le regardeur. Elle se veut rassurante et cherche à l’épanouir. En ce sens elle agit sur le corps social.


3.4 - L’abstraction libre et les titres :


Les titres des peintures peuvent être très variés. Ils n’ont pas de rapport avec la peinture. Ils sont pris de façon automatique. Ils ne définissent rien. Ils ne sont pas nécessaires. Ils n’ont pas vraiment d’utilité. Ils ont une existence propre, indépendamment de la peinture qu’ils titrent.







Quatrième partie.


. L’abstraction  libre est ce qui reste de la peinture débarrassée de l’image, de la représentation.

. Toute peinture est abstraite. La figuration est un cas particulier de l’abstraction.

. Le tableau est un objet. La peinture est la surface du tableau.

Objet tableau = tableau = peinture.

. La matière ou matérialité de la peinture est abstraite et / ou concrète. Peu importe car elle est.

. L’abstraction libre est dans la continuité du matiérisme.

. L’abstraction libre peint avec la matière peinture.

. L’abstraction libre se veut être comme une synthèse de l’art abstrait, de l’art concret, de l’art informel, de Gutaï. L’abstraction libre ne cherche pas à se définir car elle est.

. L’abstraction libre n’est pas pour l’illusionnisme ou l’artifice.

. L’abstraction libre revendique le réel, l’acte de peindre,  la matérialité du tableau.

. L’abstraction libre intègre tous les objets qu’elle veut.

. Support-Surface, entre autre, montre qu’un tableau est à la fois un tableau et un objet. L’abstraction libre comme peinture joue avec la forme du tableau.

. Le châssis du tableau peut être en volume, exposé au centre d’une salle d’exposition : voir sur YouTube la série « peinture sur toile montée sur châssis en volume »

. Tout ce que je peux mettre dans une peinture devient de l’abstraction libre.

. Donc les tissus que j’utilise deviennent de la peinture.

. L’abstraction libre n’a pas besoin de motifs. Elle défait, joue et déjoue les motifs.

. Dans l’abstraction libre, chaque peinture est le résultat d’un ensemble de traces.

. Toutes formes ou signes sont vus comme des traces.

. L’abstraction libre joue avec les points de vue grâce à la réverbération de la lumière sur les matières et peintures qu’elle utilise, ce qui oblige le regardeur à se déplacer.

. L’abstraction libre joue avec les échelles. Les grands formats offrent une vue de loin, d’ensemble, puis des détails visibles de très prés.

. L’abstraction libre aime le mauvais goût, et donc le goût. Elle considère que la notion de goût est avant tout une question de conventions avant d’être une question esthétique.   

.  L’abstraction libre joue avec la notion de goût. Les goûts sont des conventions. L’abstraction libre joue avec les conventions car elle se définit au-delà ou en deçà des conventions. Elle est.

. L’abstraction libre est une suite logique et historique de l’histoire de la peinture depuis ses origines pariétales 30000 ans en arrière.

. L’abstraction libre peut être considérée dans une continuité des expériences Dada ou Fluxus ou de la peinture informelle.

. L’abstraction libre réutilise les expériences des « combine painting »  de  Robert Rauschenberg.

. L’abstraction libre réutilise les expériences des « tableaux pièges » de Daniel Spoerri, non pour parler d’objet, mais de peinture.

. L’abstraction  libre peut être dans la continuité de l’anti-peinture définit par Joan Miró. A la différence, l’abstraction libre n’est pas une expérimentation, elle est.

. L’abstraction libre n’est pas dans la destruction de la peinture. Elle est dans un acte naturel, celui de peindre.

. L’abstraction libre est l’épanouissement de la peinture.

. L’abstraction libre utilise les expérimentations développées par ces mouvements historiques comme la possibilité de définir un langage pictural dans la continuité de  Claude Monet ou Joan Mitchell par exemple.

. L’abstraction libre ne renie pas l’histoire, ne se définit pas par opposition mais comme une continuité naturelle et légitime de l’histoire de l’art depuis ses origines.

. L’abstraction libre est, tout simplement, la façon la plus naturelle de peindre.

. L’histoire de la peinture continue par et avec l’abstraction libre.




Joris Brantuas




Je remercie Alain Léonési, Pascal Fancony et Sylvie Logeux 
pour les précieux conseils apportés à ce texte.





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